A l’aveuglette

La vie est faite de « kinder surprise » bien cyniques… Un beau jour, va savoir pourquoi, tu te réveilles et tout fout le camp…

Depuis ma tendre enfance (je ne sais pas pourquoi j’utilise cette expression car je la déteste), j’ai toujours été fière (et privilégiée) d’avoir une excellente vue.

A l’école, je trépignais d’impatience à l’idée de passer le contrôle annuel où il fallait lire des phrases à la typo de plus en plus petite jusqu’à ce que mort s’en suive.. enfin, vue se meurt…

Les années passent, ta mère te dit : « Ma fille, ne lis pas sans lumière » ou « ma fille, ne passe pas tout ton temps sur l’écran »… Mais toi trop bête tu te sens immortelle et bien trop conne pour t’avouer qu’elle a raison. Alors tu te dis « fuck the life » et tu exploites sans vergogne ce sens qui finit sans grande surprise par s’épuiser…

Naïvement comme beaucoup de gens, je pensais dur comme fer que la vue baissait à partir de 70 ans… Mais ça c’était avant…

Avant ce « p.. » de jour où je me suis réveillée, où je me suis mise devant mon écran et où j’ai bien cru que j’allais vaciller. Je mets cela sur le compte de la fatigue mais … force est de constater que ce n’est pas la fatigue… Mais le début de la fin… (enfin, de la mienne).  Mais pourquoi personne ne te prévient AVANT ? Hein pourquoi ?

Donc un beau matin, tu prends conscience que plus rien ne sera comme avant.

Au lieu de filer consulter illico presto, tu fais trainer les choses en te disant que peut-être un miracle va avoir lieu… Mais étrangement, Non !

Désabusée, tu finis par prendre rdv avec un ophtalmo… et là comprends que tu n’es pas toute seule sur la liste d’attente… vraiment pas seule ! (à raison de 7 consultations par jour et de 3 mois d’attente tu réalises que cela fait 540 personnes qui vont consulter avant toi. Ah oui quand même ! )….

2 mois plus tard arrive enfin LA FAMEUSE consultation…

Ce jour est à marquer d’une pierre blanche. Tu apprends en même temps que tu es à  la fois presbyte (celle qui voit mieux de loin que de près) et hypermétrope. Tu ne comprends pas bien la différence mais pas grave… ça fait toujours deux pathologies (de trop).

Probablement pour te rassurer, l’ophtalmologiste te dit : « mais oui 44 ans, c’est l’âge… surtout si vous passez des heures devant votre écran… ».

Depuis ce jour c’est la cata…. Ma vue baisse de jour en jour et j’ai déjà, à 2 reprises, fait corriger les verres de mes lunettes…

Mais ce n’est pas tout… Etre presbyte c’est une chose mais être presbyte et coquette c’est pire que tout !!!!

Car, quand tu as passé 44 ans de ta vie sans lunettes mais que tu es ultra coquette, la cohabitation n’est pas simple, croyez-moi !

Alors s’ensuit une ribambelle (mot qui, j’en conviens, ne doit plus être utilisé depuis 1924) de situations improbables et ridicules…

 

En voici un petit florilège :

  1. Lorsque je fais mes courses au magasin bio, je sors toujours très discrètement mes lunettes de mon sac pour tenter de décrypter les étiquettes sans être vue. Mais va savoir pourquoi, mon regard croise toujours immanquablement à cet instant le regard de quelqu’un…
  2. L’utilisation du téléphone devient très compliquée en voiture… Pour conduire, il ne te faut surtout pas de lunettes mais dès que tu es arrêtée à un feu rouge et que, par le plus grand des hasards, ton smartphone frétille, tu n’as qu’une idée en tête… LES LIRE. Là, tu sors tes lunettes mais le temps de les trouver, de les sortir et de les mettre sur le bout de ton nez… le feu passe au vert ! Pour peu que tu oublies de les enlever, c’est la cata !
  3. Il y a une semaine je passe une nuit entière à lire un livre et préparer une interview. Cahier sous le bras je suis toute contente de me rendre à ce rdv mais en arrivant, je me rends compte que je n’ai pas mes lunettes. Impossible de lire mes questions. Un instant de solitude terrible. En guise de gestion de crise, pas d’autres solutions que de prendre en photos chacune des pages de mon cahier et de zoomer pour tenter mener à bien cette interview. Je dois bien avouer que cela n’a pas été simple…
  4. Je fais nettement moins la maline quand je veux prendre des photos (sans lunettes). Car elles sont toujours très floues donc difficile de savoir si finalement elles sont nettes. Vous me suivez ?…
  5. Last but not least, tu te retrouves « très très bête » l’été sur ton transat quand tu as pensé à tout, sauf aux lunettes de soleil avec verres correcteurs. Du coup, tu n’as pas d’autre choix que de choisir entre bronzer et bronzer mais sûrement pas lire en bronzant….

J’ai comme l’impression que ma vie est devenue un grand tâtonnement où je fais tout à l’aveuglette… Vive la quarantaine bien entamée !

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