120 claques dans la tête
Que dire sur « 120 battements par minute » qui n’ait pas déjà été dit ?
Que c’est un film exceptionnel ?
Il l’est, mais cela a sans doute été écrit 100 fois.
Que j’ai pris une énorme claque ?
Oh oui je l’ai prise, en pleine figure ; sans m’y attendre, alors que je m’y attendais ; cela paraît étrange comme phrase sans doute, mais les émotions le sont parfois…
Que les acteurs jouent bien ?
Cela aussi il me semble l’avoir lu, mais on ne le dira jamais assez. Ils jouent formidablement bien. Tous. Capables de passer de la lumière à l’ombre et de revenir à la clarté dans un claquement de doigts. Capables de nous faire naitre un rire en cascade à travers nos sanglots.
Ils jouent comme en urgence, sur une B.O géniale, et nous embarquent avec eux dans cette aventure militante.
Car plus que l’amour, plus que l’amitié, plus que la maladie ou même la mort, c’est la culpabilité que j’ai prise en pleine face.
Ces années là, je les ai vécues.
L’immense chagrin à l’annonce de la séropositivité d’un être cher, je l’ai ressenti.
La peur lorsque la maladie s’est déclarée, je l’ai éprouvée.
La lourdeur de la trithérapie, le réveil qui sonne, les effets secondaires, j’en ai été le témoin impuissant.
Mais qu’ai-je fait ?
Rien.
Bien sûr que mon amitié et mon soutien ont été importants, mais qu’ai-je fait concrètement pour faire changer les choses ?
Rien.
Parce que porter un ruban ne suffit pas, à part à se donner bonne conscience,
120 BPM m’a montré l’importance du militantisme et des actes forts.
120 BPM m’a montré qu’il était si facile de ne rien faire et de critiquer ceux qui font.
120 BPM m’a montré le courage de ceux qui souffrent et ma propre lâcheté.
120 BPM m’a montré la dureté de cette époque que j’avais voulu oublier.
120 BPM m’a présenté celles et ceux que nous avons refusé d’être.
Il y a toujours ceux qui font à notre place, et c’est tellement plus confortable.
Ce film fort, sans concession, est pourtant un véritable hymne à l’amour, la baise et à la solidarité, et je suis heureuse de l’avoir vu, ne serait-ce que pour comprendre que le combat n’est pas terminé…
Le savoir est une arme.
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