Aimer en conscience
Après cette semaine passée au pays des bisounours, des licornes et des Valentins en tous genres, je me laisse envahir par le spleen. Le spleen d’ aimer. Je suis une éternelle optimisme certes, mais également aussi habitée par une face sombre. Comme beaucoup d’entre nous, je suis capable de passer de l’agonie à l’extase en un claquement de cils. Ce n’est pas qu’hormonal, du moins je l’espère… L’être humain est doué de pensée et de sentiments. Cette conscience d’aimer est magnifique. Malheureusement, il semble y avoir un revers à la médaille. La face cachée d’un amour absolu, n’est elle pas justement la peur viscérale qu’il disparaisse ?
Aimer est ce immanquablement avoir peur de perdre l’objet de son amour ?
Quelle sournoise sensation de se dire si souvent: peut être est ce la dernière fois que je le/la vois ? Et en même temps, étrangement, n’est ce pas cela qui rend l’amour aussi précieux ? Se dire que justement c’est fragile, que tout peut s’arrêter là comme ça du jour au lendemain ?
Pas parce qu’on ne s’aime plus, pas pour une trahison, pas pour une tromperie ou une dispute, non, juste comme ça, en un claquement de doigts. C’est la vie qui choisit pour nous. Elle choisit de rester ou de partir. Celui ci aura un accident de voiture et ne rentrera jamais diner auprès des siens. Cet autre sera tué comme ça juste parce qu’il se trouvait là, au mauvais endroit au mauvais moment. La vie peut être aussi la pire des scénaristes.
Doit on pour autant y penser à chaque instant ?
Doit on s’enlacer, se serrer, se dire au revoir comme sur le quai d’une gare à chaque fois que l’on part chercher un kilo d’oranges ? Est ce parce qu’on aime si fort qu’on a peur de perdre ou est ce parce qu’on sait qu’on va perdre qu’on aime autant ? Nos amours, nos enfants, nos parents, nos amis. Avoir toujours en tête que chaque fois ensemble peut être la dernière, est-ce se torturer ou est-ce justement un moyen d’aimer en conscience ?
Je me demande par conséquent si la peur de perdre l’autre n’est pas finalement le révélateur de la force d’un amour… Je me demande aussi si c’est cruel ou bien précieux…
Ne soyons pas tristes, bien au contraire. Prenons soin de ceux que nous aimons, chérissons ces liens comme un trésor, on n’en fait jamais trop, on ne le dit jamais assez. Au bout du compte, nous souffrirons sans doute, mais nous aurons aimé, le reste n’a aucune importante.
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