Suzane’s Backstage!
Tout a commencé avec ce SMS reçu de Sophie :
« T’es assise ? »
Elle aime bien me faire des petites blagues, alors machinalement j’ai dit oui.
« Suzane est invitée sur CNews pour parler des quadras dans la chronique Bien être de Karine Arsène ! »
Mon cœur s’est emballé, il n’était que joie.
« Ce serait bien que tu y ailles, toute seule ».
Mes pieds ne touchaient plus terre. Mes fesses oui. J’étais tombée. Elle avait raison, j’aurais du m’asseoir.
En gros j’avais deux semaines pour perdre 10 ans, 25 kilos, 30 kilomètres de rides et rattraper 45 ans de confiance en moi. Facile…
En moi a commencé cette douce musique… Non pas un requiem, non pas une symphonie ni même un bon vieux Dalida, non rien de tout cela, juste cette mythique musique qui accompagnait Rocky Balboa dans ces séances d’entrainement (référence hautement culturelle j’en conviens !). Je m’imaginais grimper quatre à quatre les marches des escaliers de Montmartre, serviette autour du cou comme un vrai sportif ; je m’imaginais sereine gravir l’Himalaya, je m’imaginais comme je l’avais fait des centaines de fois dans ma salle de bains, déclamer mon discours de remerciements à la remise des Césars.
Je me suis regardée dans la glace et j’ai ouvert une tablette de chocolat. Non ça n’allait pas être possible.
Après avoir passé ma vie dans l’ombre de mes proches, c’était là l’occasion rêvée de me frotter quelques instant à la lumière, mais j’avais tellement peur qu’elle me brûle.
Comment gérer 7 longues minutes de direct quand on n’a aucun entrainement ? Et si je ne savais pas répondre aux questions ? Si je bafouillais ? Si j’étais paralysée par la peur et incapable de sortir un seul son ? Si je faisais à l’antenne une énorme faute de Français irrattrapable genre « les gens croivent » ? Si je me prenais les pieds dans les fils et que j’atterrissais les fesses face caméra à la Bridget Jones (note pour plus tard : me mettre en pantalon) ? Autant de questions qui au lieu de trouver des réponses ne faisaient que faire grandir en moi une immense angoisse, je crois qu’on appelle cela la peur de l’échec.
Mais j’avais dit oui, je m’étais engagée, je n’avais plus d’autre choix que celui d’avancer.
Je l’ai fait dans le plus grand secret, j’ai avancé tel le bon chevalier masqué de Verlaine, en silence. Je n’ai rien dit à personne, préférant me préparer seule à l’éventualité d’un échec. Mais pour Suzane, je devais dépasser tout ça.
Après une nuit quelque peu agitée, je suis arrivée le jour J à l’heure et de bonne humeur, de très bonne humeur…
Depuis toujours je règle tous mes problèmes avec des blagues débiles, je ne sais pas pourquoi mais ça me détend.
La maquilleuse et la coiffeuse sensées justement me détendre avant l’émission ont du se demander qui était cette illuminée qui faisaient des blagues à 2 balles (pan, pan !) au lieu de se laisser aller sous les pinceaux et brosses expertes !
La régie aussi a du me prendre pour une folle dingue quand j’ai déboulé au beau milieu de la salle alors que je pensais arriver aux toilettes…
J’étais partagée entre l’irrépressible envie de vivre à fond ce quart d’heure Warholien et cette autre envie tout aussi irrépressible de prendre mes jambes à mon cou et de fuir…
Pour Suzane, pour Sophie, pour l’accueil et la gentillesse de Karine Arsène, et puis sans doute aussi un peu pour moi, je devais y aller, maintenant… La porte du plateau s’est ouverte, j’ai manqué m’évanouir. J’ai avancé dans le studio en vacillant. Je suis montée sur le tabouret, il était trop haut, j’ai paniqué. J’ai recommencé mes blagues débiles, on m’a fait signe que l’antenne était dans 4, 3, 2, 1… Action :
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