La charge mentale, on en parle ?
Aujourd’hui je voulais parler d’un sujet qui concerne un grand nombre de femmes et que l’on appelle « LA CHARGE MENTALE ». Kézako, me direz-vous ?
On pourrait la définir comme de l’hyperactivité au féminin, pouvant conduire à l’épuisement (le fameux burn-out) et qui concerne de plus en plus de femmes étouffées par un perfectionnisme domestique oppressant.
Laurence Bourgeois, auteure de plusieurs ouvrages sur le développement personnel et qui vient de sortir un livre passionnant sur le sujet – Se libérer de la charge émotionnelle aux éditions Eyrolles – nous dit tout sur les mécanismes de cette addiction au féminin (mais qui pourrait tout aussi bien concerner de plus en plus d’hommes).
Laurence, comment définiriez-vous la charge mentale ?
La charge mentale (que j’appelle également dans mon livre syndrome de ROSITA ») se caractérise par un état de surchauffe à la fois mental et physique, lié à la gestion quotidienne d’une multitude de tâches, aussi bien au niveau professionnel que personnel. En règle générale, c’est à la femme qu’incombe la responsabilité de gérer non seulement le foyer, mais aussi « d’assurer » au travail.
Rosita, le personnage central de mon livre, incarne cette femme surmenée du XXIème siècle, à la fois épouse bienveillante, mère de famille dévouée, salariée modèle, véritable fée du logis, cuisinière hors pair… Même si sa coupe est plus que pleine, force est de constater que Rosita assure ! Mais cet état de surchauffe chronique doit attirer la plus grande vigilance car il peut conduire au désormais tristement célèbre burn-out ou à d’autres pathologies.
La femme du 21ème siècle serait-elle devenue maso ?
On peut effectivement se poser la question ! Nous touchons ici du doigt le paradoxe de ce syndrome : une aptitude à tirer sur la corde mêlée à une incapacité à tirer la sonnette d’alarme. A râler de devoir tout gérer sans oser demander d’aide de quiconque. A être consciente qu’il faut mettre la pédale douce mais à continuer d’accélérer de plus belle. Vous vous reconnaissez sans doute là… Inévitablement ce décalage entre ses aspirations et son train-train fait plonger Rosita dans l’amertume, la colère, voire la déprime. Pour autant, elle ne pense pas à déléguer (ou refuse de le faire) et continue d’absorber la surcharge quotidienne. Et ce faisant, elle se fait du mal. Le pire, c’est qu’elle en est souvent très consciente !
Qu’avons-nous tant à prouver pour être devenues des accros à l’hyperactivité ?
Dans un monde fait de vitesse, d’exigence, de performance et de sur-sollicitations en tous genres, on en vient à trouver presque normal de mener plusieurs vies en une. Comme si pour exister à la maison, pour être aimée de ses enfants, pour être reconnue et valorisée au travail, il était indispensable de vivre à mille à l’heure…. Tous les jours, le stress prend place dans notre corps… et dans nos conversations. On s’épuise à courir après la perfection, mais la perfection existe-t-elle ?
Vous dites que cette hyperactivité correspond à la peur du vide ? Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?
Quand l’hyperactivité s’avère chronique, elle correspond à un besoin de satiété non assouvi. Guidée par la culpabilité, la peur de décevoir ou de ne plus être aimée, nous nous fixons comme objectif, le plus souvent inconscient, de remplir la vie des autres : on chouchoute nos enfants, on panse les blessure de nos amis, on se met en quatre pour la famille, etc. Ce faisant, on ressent la satisfaction de se remplir soi-même. Rosita aurait pourtant tout à gagner à réaliser ses rêves, à dire non un peu plus souvent et, surtout, à lâcher prise !
Que craignions-nous autant pour être dans l’hyper-contrôle permanent ? Est-ce la peur de nous sentir vulnérable ? Perdre le pouvoir ? Nous montrer sous notre vrai visage ?
L’hyper-contrôle sur les personnes et les choses qui nous entourent offre un haut degré de sécurité. Et Rosita adore la sécurité ! Prise dans la routine, elle répète chaque jour les mêmes gestes, pense aux mêmes choses, pour les mêmes personnes. Sortir de sa zone de confort la paralyse, puisque c’est prendre le risque de ne pas savoir, de se sentir vulnérable, et, par voie de conséquence, d’avoir la perception d’être moins appréciée. Par ailleurs, même si elle râle, Rosita adore tout régenter. Quelque part, perdre la maîtrise sur les choses, ce serait pour elle perdre du pouvoir… Et se détacher de l’image de la femme parfaite qu’elle cherche à atteindre.
Vous proposez un programme sur une semaine pour guérir du syndrome de ROSITA. Est-ce suffisant pour se libérer de la charge mentale ?
J’ai construit mon ouvrage comme un parcours thérapeutique sur sept jours, la semaine étant rythmée par des diagnostics et des remèdes permettant de sortir rapidement la tête de l’eau, et le week-end étant consacré au bilan et à l’intégration de nouveaux mantras ou leçons de vie. Mais soyons clairs : il n’est pas question de vous faire de sur-promesses car les symptômes du surmenage ne disparaissent jamais complètement (il y a des contraintes quotidiennes qu’il est impossible de supprimer) et surtout pas du jour au lendemain ! En revanche, je suis convaincue que mes remèdes permettront à Rosita de tirer son épingle du jeu et de stopper la machine avant qu’il ne soit trop tard. D’ailleurs, à la fin de l’ouvrage, vous constaterez qu’elle a réussi quelque chose de formidable : changer d’état d’esprit !
Quels conseils pratiques donneriez-vous à nos lectrices pour baisser un peu la garde et lâcher-prise ?
Se recentrer sur l’essentiel (après tout, qu’est-ce qui compte vraiment dans la vie ?), être capable de s’offrir ce qu’on donne aux autres, s’accorder le droit d’en faire moins, déléguer plus souvent, baisser son niveau d’exigence tout en augmentant son seuil de tolérance, et, surtout, se dire qu’après tout, si ce que nous faisons n’est pas parfait, cela n’est pas si grave !
Se libérer de la charge mentale – Une semaine pour guérir du syndrome de Rosita de Laurence Bourgeois
« Rosita venait d’avoir quarante ans et ses deux fois vingt bougies lui avaient craché au visage que le compte à rebours allait commencer et qu’il était temps d’en profiter. En profiter ? Mais comment ? Elle qui, chaque matin, attaquait sa journée par une course vertigineuse, où chacun de ses gestes était parfaitement orchestré, chronométré, réglé au dixième de seconde près ! »
Derrière Rosita se dresse le portrait de toutes les femmes actives du XXIe siècle, atteintes d’un mystérieux syndrome : l’association d’une formidable aptitude à tirer sur la corde mêlée à une incapacité totale à tirer la sonnette d’alarme. A râler de devoir tout gérer, sans jamais solliciter de soutien. A déplorer de mener une vie à mille à l’heure, tout en continuant d’appuyer sur l’accélérateur. Quels sont les autres symptômes associés à ce syndrome ? Pourquoi apparaissent-ils ? Comment les soulager ? Autant de pistes creusées par Laurence Bourgeois à travers un parcours thérapeutique d’une semaine visant à faire définitivement tomber votre panoplie de bonne à tout faire
Editions Eyrolles – 168 pages – 16 €
Nous avons toute un peu de ROSITA en nous. Acceptons d’être imparfaite, de ne pas tout faire, de déléguer et de lâcher prise.
“Le bonheur n’est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l’imperfection.”
De Yacine Bellik
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