De mâle en pis…
Il est arrivé, le regard sombre, semblant porter le karma négatif d’un peuple entier. Sur plusieurs générations. Il s’est avancé, hésitant, fébrile, avec cet œil presque apeuré qu’affichent les Cockers après une bêtise. Ce qu’il avait à me dire serait lourd de sens. Ce qu’il avait à me dire je ne voulais pas l’entendre. Bien sûr la communication est primordiale dans un couple, mais mon esprit se refusait à écouter cette phrase que mon homme avait au bout des lèvres et qui allait me faire l’effet d’un couperet.
Alors j’ai commencé à virevolter dans la pièce, si j’avais pu sauter et crier en me bouchant les oreilles comme une gamine de 5 ans, je l’aurais fait. Je cherchais à fuir la réalité mais elle m’a rattrapée de plein fouet quand il a prononcé ces mots tant redoutés :
« Chérie, je crois que je suis malade ! »…
Oh non pas ça, pas lui, pas maintenant, c’est Vendredi soir, j’avais juste envie de passer un bon week end, calme, détendu et là, à cet instant, je sais que je vais malheureusement devoir le passer avec un mourant.
Car oui, il faut le savoir, un homme qui se dit malade, même s’il n’est qu’enrhumé, est un mourant. J’ai beau lui répéter qu’il est une insulte à ceux qui souffrent vraiment, je sais qu’il va se plaindre toutes les deux minutes jusqu’à son dernier éternuement. L’horreur.
Non seulement il va se plaindre, mais il va tout exagérer, il va incarner le rôle de l’homme agonisant jusqu’à l’obtention de l’Oscar, il va faire passer la marche funèbre de Chopin pour un couplet festif écrit par Patrick Sébastien, le souffle de Dark Vador pour un chant de Colibri, bref, il va me faire traverser l’enfer…
Je vais devoir le supporter un week end entier à la maison (sur le canapé), avec des dialogues à faire pâlir Argan et Toinette…
« J’ai pris un Efferalgan ce matin, tu crois que je peux en reprendre un ce soir ? » Franchement je ne suis pas sure, c’est quand même un peu risqué, tu veux que j’appelle le 15 pour vérifier ?…
« C’est grave ce que j’ai ? » D’un point de vue psychiatrique tu veux dire?…
« Pourquoi ça n’arrive à moi ? » Tu veux dire à toi et aux 2 millions de personnes touchées chaque année rien qu’en France ?…
« Tu crois que je vais m’en sortir ? » C’est loin d’être certain d’autant que présentement j’ai envie de t’étrangler…
« J’aurais pu crever personne n’est venu voir si j’étais en vie » lancé du haut de sa chambre ! Vu que je t’entendais renifler/jurer/éternuer à chaque minute, l’idée que tu sois mort n’a pas eu le temps de me traverser l’esprit…
« Je pense que je suis en train de crever » Toi je ne sais pas mais là moi, à t’écouter, c’est sur que je me sens au bout de ma vie…
« Tu ne peux pas comprendre » Non, ça c’est vrai, moi je ne me plains jamais…
« Finalement je reprends goût à la vie, tu vois je remange un peu » Je n’avais pas vraiment l’impression que tu ne t’alimentais plus quand je t’ai vu engloutir ma purée maison faite avec amour…
Oui de l’amour il en faut pour supporter un mec malade quand nous, même au tapis, même avec grippe/bronchite/infection urinaire/césarienne on doit toujours être au top…
Oui de l’amour il en faut pour s’entendre dire que les huiles essentielles et autres remèdes naturels ne sont pas capables d’enrayer sa « maladie grave ».
Oui de l’amour il en faut quand on a un pré ado qui emprunte, lui aussi, tel son héros de père le chemin de la complainte.
Mais de l’amour on en a autant que du courage nous les femmes, n’est ce pas ?
Sinon, pour pimenter notre vie de couple, on peut toujours décider de divorcer à chaque entrée dans l’Automne et se remarier au Printemps… Pour le rhume des foins !
Muriel
13 octobre 2017 at 18 h 20 minc’est tellement ça !!
Emmanuelle
13 octobre 2017 at 18 h 28 minMalheureusement pour nous!!!
;-))
carole
18 octobre 2017 at 18 h 03 minCertes ! Mais vous avez quelqu’un sur qui vous épaulez… qui vous regarde avec amour et bienveillance. Et ça mesdames c’est une chance. ;o)
Emmanuelle
18 octobre 2017 at 18 h 31 minEt je chéris ce trésor chaque jour…;-)
Où sont passées mes idoles ? - Suzane Green
19 janvier 2018 at 11 h 27 min[…] pour quelques jours une pré ado à la maison. Chose inhabituelle pour moi qui vis entourée de testostérone. Du coup, je l’ai quasi kidnappée un après midi afin de lui faire découvrir une de mes idoles […]