Moi : sans tabac !

Quand j’étais enfant, ma mère avait une R5 bleu marine avec des petites bandes orange sur les côtés, genre bouteille d’Orangina. J’adorais cette voiture, j’avais 6 ou 7 ans mais je m’en souviens comme si c’était hier. Mais si je me remémore aisément l’extérieur, l’intérieur est plus flou dans mon souvenir, plus brouillé, plus nuageux, osons le terme : plus enfumé

Je suis de cette générationtout le monde fumait. Partout. Tout le temps. Personne ne parlait encore de cancer ou de tabagisme passif. Vieille vous avez dit ? Sans doute.

On fumait dans les avions, les trains, les restaurants, les voitures fenêtres fermées, les maisons portes clauses, c’était l’enfer sur terre. J’ai même vu récemment une émission sur Dutronc et Hardy, on les voyait tous deux à la maternité, Thomas dans les bras de sa maman et l’énorme cigare dans la bouche de son papa. Dingue.

C’était une époque ou l’on fumait à la télévision et tout le monde (enfin les moins de 20 ans ne peuvent pas…) se souvient des émissions de Michel Polac ou l’on ne distinguait plus les invités en fin de soirée tant le plateau était noyé dans un brouillard tabagique. Comme la voiture de nos parents. Comme nos salles à manger. Comme tout ce qui nous entourait.

C’est tout naturellement, naïvement, et surtout bêtement que je me suis mise à fumer à 15 ans comme un petit mouton…qui veut devenir grand.

Grave erreur.

J’ai mis trente ans et un enfant avant de me débarrasser de cette connerie.

Ce qui fut certainement le plus difficile, c’est que, j’ose l’avouer, j’aimais ça. Je crois que c’est le pire. Jeune, j’adorais les apéros interminables où l’on refaisait le monde entre copines en fumant clope sur clope ; au restaurant nous fumions plus que nous ne mangions et lorsque je rentrais de discothèque je me revois me déshabiller dans le garage tant je sentais mauvais. Avec le recul tout cela me paraît complètement dingue, fumer au restaurant me semble tellement inconcevable, mais je n’arrivais pas à avoir envie d’arrêter. Oui, au risque de vous surprendre, je tiens à vous annoncer aujourd’hui que je ne suis pas parfaite !…

Puis il y eut ma grossesse et cette évidence de protéger mon enfant (alors pourquoi ne m’étais-je pas moi protégée avant ? Oui c’est toute l’absurdité de ce problème), bien évidemment j’ai arrêté. Puis j’ai repris quand il avait 2 ans parce que son papa n’avait pas arrêté. J’ai dit juste une comme ça avec toi à l’apéro, puis à l’heure du thé, puis 3, puis 15, j’ai replongé comme une idiote. Quand j’y repense j’en pleurerais. Nous fumions dehors, mais même, j’ai honte. Quand je me repense en train de fumer je ne m’aime pas.

Arrêter ensemble fut la meilleure idée que nous ayons jamais eue. Tous les deux au même moment. Un soir nous sommes sortis en amoureux et nous avons décidé que c’était la dernière, pour chacun. C’était risqué, avec nos forts caractères nous aurions pu nous entretuer, mais non, au contraire, nous nous sommes mutuellement encouragés et nous avons tenu.

C’était le Samedi 25 Octobre 2014. 1111 jours sans fumer. 16671 cigarettes évitées. 5418 € d’économisés. 69 jours, 11 heures et 6 minutes de temps de vie récupéré.

Ce n’est pas moi qui compte, c’est une appli que je me suis installée à l’époque sur mon smartphone (QuitNow) et qui comptabilise tout, c’est hyper motivant.

3 ans que je n’ai pas touché à ce poison et que je m’en porte à merveille, c’est incroyable tout ce que cela a pu changer dans ma vie, je ne m’en rendais pas compte avant tant je me voilais la face mais aujourd’hui je peux à nouveau :

  • monter des escaliers sans être complètement essoufflée arrivée en haut
  • sentir toutes les odeurs qui m’entourent (bon ça j’avoue que ce n’est pas toujours le plus agréable)
  • sentir toutes les subtilités liées au gout des aliments
  • rire sans tousser
  • respirer intensément à la mer ou à la montagne sans tousser
  • avoir un rhume et guérir en quelques jours sans que cela ne se transforme en bronchite
  • dire bonjour à quelqu’un sans craindre de sentir mauvais

Et surtout : embrasser et câliner mon fils sans avoir peur, sans me laver les dents 10 fois avant, un vrai bonheur.

Je peux tout faire, des longs trajets en avion, des heures entières dans les magasins (il faut bien dépenser l’argent économisé 😉 ) sans me poser aucune question et sans ressentir la moindre dépendance.

Aujourd’hui je ne supporte pas l’odeur de la cigarette, un comble non ? Dire bonjour à quelqu’un qui a fumé me donne immédiatement la nausée, mais pour autant je ne critique pas, je ne juge pas. Je sais à quel point la cigarette est une prison et combien il est difficile d’en être libéré. Je salue toutes les initiatives visant à informer, notamment les jeunes ou bien celles qui encouragent à arrêter.

Si tout cela avait existé dans les années où je grandissais, peut être n’aurais-je jamais commencé…

Alors en Novembre, n’hésitez pas une minute à vous sauver la vie, arrêtez ensemble !

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