MOI JE suis allée voir MOI JEU ! d’Antonia DE RENDINGER
Le printemps est là, le soleil réapparaît, on a envie de sortir le matin, l’après-midi, le soir, la nuit… Vendredi 29 mars, Suzane a pris l’air en répondant à l’invitation d’Antonia DE RENDINGER à assister à son One Woman Show «Moi jeu !» au théâtre la Cigale à Paris.
J’ai découvert cette comédienne il y a quelques années dans l’émission «On n’demande qu’à en rire» de Laurent RUQUIER, depuis elle a fait son chemin au théâtre et au cinéma, on peut également la voir régulièrement dans des shows TV ou bien dans des festivals d’humour.
Le spectacle est parfaitement rodé, la mise en scène d’Olivier SITRUK est ingénieuse, Antonia est juste, elle sublime son écriture à travers différents personnages excentriques et singuliers.
Antonia est le remède green idéal pour combler vos carences en rire. Je vous invite vivement à sortir, prendre le soleil puis à vous rendre au théâtre afin de découvrir ou redécouvrir cette humoriste généreuse.
A la fin de la représentation, les lumières éclairent les spectateurs, j’aperçois les visages encore souriants, un public varié, des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, je les entends élogieux et admiratifs de la performance à laquelle ils viennent d’assister.
Le lendemain, j’appelle Antonia qui se prête volontiers à l’interview pour les lectrices de Suzane Green.
Votre spectacle met en avant la femme d’aujourd’hui qui gère sa carrière, ses enfants (parfois seule), qui agit et réagit aux autres, les bien-pensants ou culpabilisateurs. Vous offrez à ces femmes la possibilité de rire sur des sujets qui les touchent et les émeuvent. Comment et pourquoi avez-vous eu envie d’écrire sur ces sujets ?
«J’ai une méthode d’écriture qui n’est pas du tout intellectuelle, c’est une écriture intuitive, cela part d’une improvisation en public. Ensuite, je retravaille cette matière première, je synthétise pour muscler l’ensemble mais la base c’est de l’impro, c’est très spontané.
Je considère le spectacle comme un acculement, de l’ordre du croquis, instinctif, intuitif, impulsif. Il n’y a pas véritablement, dans ma méthode de travail, quelque chose qui tourne autour de la réflexion. C’est terrible à dire car on pourrait penser que tout ça est le fruit d’un travail élaboré et en fait non, pas tellement (rires).
Ce sont des sujets qui trottent dans ma tête. La bande dessinée est postérieure à mon travail, bien sûr, mais j’ai été très affectée par la BD d’Emma sur la charge mentale (ici). Les injonctions de la société pèsent sur les femmes et sont vécues comme de véritables injustices, en ce moment tout particulièrement. Il y 20 ans, on faisait des spectacles sur le célibat et les difficultés à être célibataires, aujourd’hui on fait des spectacles sur la force des femmes et sur leurs incroyables capacités à s’accommoder de tout. On vit la fin d’une époque, celle où les femmes fermaient leur gueule. La présence de Noémie DE LATTRE et ses retours positifs sur mon travail me confortent dans l’idée qu’on est dans une vague, qui est un raz-de-marée, un tsunami.»
Les femmes humoristes prennent de plus en plus leur place sur scène. Elles osent exprimer ce qu’elles pensent et ressentent réellement. Vous m’avez donné l’impression de vous adresser aux femmes mais aussi aux petites filles que nous étions, celle que vous étiez, que diriez-vous à votre petit Moi intérieur, à la petite fille que vous étiez ?
«Il y a une phrase que je me répète souvent… Je fais le métier que j’ai toujours rêvé d’exercer. Ce rêve, je le poursuis toujours mais il faut parfois se dire : « c’est déjà pas mal ». Cette volonté d’atteindre des sommets nous traverse tous, on a besoin d’ambitions, mais de temps en temps, il faut regarder le paysage et se dire «je suis bien dans ce paysage». J’essaye d’être clémente avec la petite fille que j’étais en lui disant «c’est déjà bien tout ça».
Je suis aussi une maman donc cela compte beaucoup pour moi d’offrir un équilibre à mes enfants afin de leur apporter de la sérénité. Le premier message que j’ai reçu ce matin c’est celui de ma fille de 12 ans qui me dit qu’elle est fière de moi, voilà ce qui me tient, ce qui m’émeut et me fait avancer. Il faut aussi garder les pieds sur terre, on est pas vraiment connecté à la réalité quand on joue devant une très grosse salle qui véhicule tout un imaginaire très fort dans notre métier du spectacle, il faut relativiser, ce sont des moments de vie, il y en a plein d’autres qui sont très importants.»
Quels sont vos rituels «zen» qui vous aident à gérer le stress et le trac?
«Oh punaise ! C’est à vos lectrices qu’il faut que j’en demande !
Je n’en ai pas vraiment… Je me fais masser, je donne de bonnes choses à mon corps : à manger et à boire. Je ne bois pas, je ne fume pas, j’ai une vie assez saine. J’essaye de me ménager du sommeil… c’est le plus important… de dormir !
Je prends soin de moi avec les produits Sanoflore (ici), ils sont apaisants. J’utilise surtout leurs huiles, elles sont super efficaces pour la peau, elles sont très sensuelles, sensorielles et très agréables.»
Quel est votre livre de chevet ?
«Je vis avec un bibliothécaire donc c’est difficile d’en avoir qu’un seul.
On m’a offert un Kindle, j’ai plusieurs livres dans un seul objet, c’est pratique.
Si je devais en choisir qu’un… un livre que j’ouvre souvent c’est «Absolument, absolument» de Sylvie JOLY. Je trouve qu’on a tendance à oublier que des femmes ont été précurseuses dans l’humour et notamment Sylvie JOLY. Elle croquait en quelques phrases des personnalités, des profils très différents, des femmes dans leurs travers. Il y a toujours eu des femmes avec un humour un peu «coup de poing», elles étaient moins nombreuses qu’aujourd’hui, mais elles étaient là. Les premières femmes à avoir été des marrantes, n’étaient pas seulement drôles, elles dégageaient quelque chose d’intelligent, comme Jacqueline MAILLAN, il n’y en avait peut-être qu’une mais quel calibre !»
Au delà de la fabuleuse performance physique et surtout vocale, Antonia nous transporte dans des tableaux poétiques teintés de réalité. Elle découpe – comme sur son affiche – des personnages, des caractères, des idées qui nous transpercent, elle décomplexe la mère, elle crie au nom du père, elle enfante son petit «moi» pour lui donner de la voix.
J’ai ri, j’ai ri jusqu’aux larmes, j’ai ri d’entendre une femme dire sur scène ce que j’ai pu me dire parfois seule chez moi sur mon canapé, j’ai ri parce qu’elle est drôle, j’ai ri parce qu’elle est puissante, j’ai ri parce qu’elle est réconfortante comme une maman qui te dit que ton zéro en maths n’est pas si grave, que tu feras mieux la prochaine fois, que tu es quand même un être exceptionnel et que ça «c’est déjà pas mal».
Antonia est une femme à suivre :
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Crédits photos:
– Article rédigé par Delphine Benoît-Roux –
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