Des herbes tout sauf mauvaises !

Elles sont mal considérées, délaissées voire arrachées quand on souhaite avoir un jardin ou des allées bien nets. Pourtant, ces herbes souvent qualifiées de « mauvaises » sont loin de l’être, c’est d’ailleurs bien pour cela que la phytothérapie traditionnelle connaît et reconnaît largement leurs précieux bienfaits.

Nous avons donc aujourd’hui envie de vous présenter 4 herbes parmi les plus courantes dont vous pourrez, si vous en avez près de chez vous ou dans votre jardin, utiliser certaines parties, en vous assurant au préalable de leur fraîcheur et en les lavant pour éliminer d’éventuels parasites ou traces de déjections animales.
Par sécurité ou si cela est plus facile pour vous, vous pouvez aussi bien évidemment vous les procurer en magasins bio ou pharmacies sous forme de tisanes (en sachets ou vrac) ou encore de compléments alimentaires (ampoules buvables, comprimés, gélules) prêts à consommer et justement dosés.

  • Le pissenlit (Taraxacum officinale)

Surnommé « dent de lion » pour la forme évocatrice de ses feuilles, il est très commun et facile à reconnaître, surtout quand sa belle fleur jaune est bien épanouie. Sa meilleure saison est le printemps, et plus spécialement les mois d’avril et de mai.

Le pissenlit est un excellent diurétique (d’où son nom !) grâce à ses sels de potassium favorisant l’élimination, et il est aussi très dépuratif car il soutient le foie grâce à ses actions cholérétique (il augmente la sécrétion de bile par la vésicule biliaire) et cholagogue (il favorise l’expulsion de la bile pour permettre la digestion des graisses alimentaires ingérées). Son amertume naturelle est très bénéfique pour la vésicule biliaire et le foie. Enfin, ses fibres sont bénéfiques pour le transit intestinal.
Il est donc parfait pour la détox, d’autant plus qu’on le trouve abondamment au printemps, moment propice au nettoyage de l’organisme.

Comment le consommer ?
Certains adeptes des plantes considèrent que tout est bon dans le pissenlit, de ses racines à ses fleurs. Mais ce sont ses feuilles qui sont le plus couramment utilisées, le plus souvent en salade, en choisissant de préférence les plus jeunes, encore tendres et moins amères que quand elles sont plus anciennes (elles sont alors également plus fibreuses). Les boutons (ou inflorescences) encore fermés et les fleurs sont également très bons en salade.
Il est aussi possible de griller les racines d’autant que la cuisson va réduire sensiblement leur amertume (mais ce goût trop négligé a du bon : il permet de réveiller les papilles !). De la même façon, les feuilles cuites ou rapidement ébouillantées (environ 1 minute) seront moins amères et pourront être consommées comme un légume, seules ou avec des pommes de terre par exemple.
Côté sucré, il existe enfin une sorte de confiture de pissenlit nommée « cramaillotte » ou « miel de pissenlit » à réaliser à partir des fleurs auxquelles on ajoute de l’eau, du sucre, du citron ou de l’orange et de l’agar agar pour épaissir la consistance.

  • Le plantain (Plantago major)

On le trouve en abondance dans les champs et au bord des chemins.
Il possède comme principes actifs des iridoïdes (dont l’aucuboside) aux propriétés antibactériennes et antitussives, ce qui en fait un remède traditionnel en cas d’infections des bronches. Par ailleurs, ses mucilages ont des effets adoucissants et émollients, c’est pourquoi il est souvent intégré dans les sirops contre la toux. Enfin, il est anti-inflammatoire et anti-allergique.

Bien vu ! Si vous vous faites piquer par une ortie, sachez que le plantain va vous apaiser, et cela tombe bien car il pousse généralement à proximité des orties. La nature fait décidément bien les choses 🙂 Pour réduire la sensation de brûlure et la démangeaison causée par l’ortie, prenez quelques feuilles de plantain, écrasez-les et frottez-les sur la zone lésée.

Comment le consommer ?
Les feuilles de plantain les plus tendres sont très bonnes en salade. Avec leur agréable goût de noisette et même de champignon, elles se marient harmonieusement à d’autres crudités ou à des feuilles d’endive, mâche, laitue. Ses boutons peuvent se consommer crus ou poêlés dans un peu d’huile. On peut aussi les intégrer à un pesto ou à une omelette.

  • L’ortie (Urtica dioica)

Redoutée pour ses piqûres (elle appartient à la famille des Urticacées), elle cache bien son jeu ! L’ortie recèle en effet dans ses feuilles des vitamines (A, C, E, B2, B5, B6), minéraux et oligo-éléments (magnésium, fer, silice, zinc…), de la chlorophylle, le tout lui conférant d’excellentes propriétés reminéralisantes, anti-inflammatoires, toniques et fortifiantes. Précisons aussi qu’elle apporte des protéines à hauteur de 40% sur poids sec, ce qui est loin d’être négligeable.

La sensation de brûlure causée par une piqûre d’ortie est liée à des acides présents dans son liquide urticant : l’acide formique, mais aussi les acides tartrique et oxalique qui font durer la sensation douloureuse plusieurs heures après la piqûre. L’inflammation et la douleur sont, elles, dues à l’histamine (principale responsable de la démangeaison), à la sérotonine et à l’acétylcholine.

L’ortie est traditionnellement conseillée pour renforcer les ongles mous ou cassants, les cheveux ternes et fourchus, et aussi en cas d’acné du fait des effets anti-inflammatoires du zinc. Elle est aussi préconisée contre la fatigue pour son fer (dont l’action et l’assimilation sont en prime renforcées par la vitamine C) et en cas de douleurs articulaires car elle est reminéralisante et anti-inflammatoire.

Comment la consommer ?
Les feuilles permettent de réaliser une infusion : avec 60 g de feuilles (de préférence séchées) dans 1 litre d’eau bouillante à laisser infuser une dizaine de minutes. A boire nature ou avec un peu de miel.
L’ortie peut aussi s’inviter dans une soupe, du pain maison, dans un pesto, avec des pommes du terre, de la courgette, de l’oignon, de l’ail et un peu de beurre ou de crème végétale. Mais aussi dans un moelleux au chocolat ! Découvrez sur notre compte insta la recette…
Enfin, les personnes qui prisent les smoothies ou les jus peuvent aussi mixer quelques feuilles d’ortie avec leurs fruits, légumes ou aromates préférés.

  • Le sureau noir (Sambucus nigra)

Cet arbrisseau pousse à la lisière des bois, dans les haies, près des rivières et est facile à reconnaître avec ses « ombrelles » de petites fleurs blanches puis plus tard, avec ses grappes de petites baies noires.
Longtemps, il constitua une véritable « pharmacie de campagne », puis son usage se perdit au profit des médicaments. Pourtant, il est doté de propriétés dépuratives car ses baies sont à la fois laxatives, sudorifiques et diurétiques.
Ses fruits seraient aussi antiviraux et pourraient soulager les symptômes de la grippe. Enfin, c’est un excellent antioxydant.

Comment le consommer ?
Ses baies ne doivent jamais être mangées crues. Cuites, elles peuvent être converties en sirop ou confiture. Le bon moment pour les récupérer est à la fin de l’été.
Ses fleurs permettent de réaliser de délicieuses infusions. C’est leur odeur qui vous renseignera sur leur goût, aussi choisissez les fleurs dont le parfum vous séduit le plus ! Les fleurs sont à récolter bien fraîches, fin mai, début juin. On peut aussi les faire sécher pour les conserver.


Nous vous invitons aussi à réaliser avec les fleurs bien fraîches cette délicieuse boisson originale, très plaisante, légère, finement pétillante :

Recette de « limonade » de fleurs de sureaux ou « Champagne des fées »
Pour 2 litres de boisson

  • Fleurs de 4 à 6 belles ombelles de sureau noir
  • 2 l d’eau de source ou filtrée (pas d’eau du robinet)
  • 200 g de sucre roux ou de canne bio
  • 1 cuillère à café de vinaigre de cidre bio
  • 2 citrons bio
  • une dizaine de raisins secs bio

Détachez les fleurs de leur support, lavez-les puis séchez-les avec précaution.
Versez l’eau dans un grand récipient à large ouverture.
Ajoutez le sucre en remuant bien pour le dissoudre. Puis intégrez les fleurs de sureau, le vinaigre de cidre, le citron coupé en morceaux et les raisins.
Recouvrez le récipient avec un morceau de linge ou de gaze (à faire tenir avec un élastique) et placez-le ensuite à la lumière (dehors si la température le permet ou sinon près d’une fenêtre) pendant 3 à 5 jours en remuant le contenu chaque jour.
Vous saurez que la boisson est prête lorsque les raisins seront remontés à la surface et quelques bulles seront apparues dans le liquide.
Vous pourrez alors filtrer la boisson et la mettre en bouteilles. Pour cela, veillez à choisir des contenants en verre transparent (pour surveiller la boisson) tels que des bouteilles de limonade ou comportant un bouchon à vis car la boisson va fermenter et donc produire du gaz. La bouteille doit donc pouvoir résister à cette pression.
Laissez alors votre boisson reposer tranquillement pendant environ 2 semaines pour que son goût évolue et que la fermentation se poursuive. Vous pourrez après cette période boire votre limonade maison et florale, bien fraîche pour l’apprécier pleinement.
Elle se conserve bien pendant quelques semaines, voire mois, à condition de la stocker dans un endroit frais comme une cave par exemple.

 

Pour en apprendre davantage sur les bienfaits de l’ortie et du pissenlit et découvrir d’autres manières de les utiliser, nous vous recommandons cet ouvrage d’Anne Brunner aux Editions La Plage : Ortie et pissenlit – Vive les mauvaises herbes.

Un livre riche en informations théoriques et pratiques qui explique comment cueillir et cuisiner ces 2 herbes communes.
Avec de très belles photos couleurs et un carnet de recettes.
Si vous souhaitez sortir des sentiers battus en cuisine, vous pourrez grâce à lui préparer notamment des lasagnes ou un gâteau au chocolat avec des orties, y trouver une recette de soupe (comme évoquée plus haut dans cet article), ou préparer une tatin de pissenlit et tomates séchées.

De quoi vous essayer à une cuisine sauvage, locale et économique. Et considérer avec un autre regard ces amies des jardins et champs qui veulent notre bien.

80 pages – 9,95€ – A shopper ici

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